Bien avant de devenir astrologue, j’ai découvert mon ascendant au détour d’un magazine féminin. Cette rencontre a bouleversé ma vie.
Jusqu’à mes douze ans, je ne m’intéressais pas encore à l’astrologie et comme la majorité des gens, je ne savais pas encore ce qu’un “ascendant” signifiait. Comme toutes les filles de mon collège, je lisais les « Ok podiums », « Top 50 », et autres magasines dont je gagnais durement gagnés à la sueur de mes 1 Francs 50 d’argent de poche hebdomadaires, cumulés pour répondre à la somme de 5 Francs, 7 Francs 50 pour les Hors Séries avec posters géants.
Un samedi après-midi où je venais de récolter les derniers Francs nécessaires à l’achat de mon précieux feuillet d’infos des stars, mon regard dans le rayonnage du marchand de journaux du village glissa sur les magasines féminins adjacents à mon rayon de lecture ado. Là, dessinée en page de couverture d’un magasine comme on en voit dans les salles d’attente des docteurs, se trouvait une roue avec des symboles étranges dedans. Mes yeux avaient beau tenter de se fixer sur les titres des hebdomadaires habituels parmi lesquels j’allais bientôt effectuer mon choix, mon regard glissait invariablement vers ce cercle mystérieux qui m’attirait comme un aimant. Il était écrit : « Calculez votre ascendant » … waouh ! Quel programme pour quelqu’un comme moi qui était fort faible en maths et ne savait même pas exactement ce qu’ « ascendant » signifiait …
Quand bien même, mon impulsion l’emporta et je sacrifiais mes 7 Francs 50 qu’il me faudrait à nouveau cinq semaines pour rassembler, et j’achetai ce journal qui contenait probablement quelque chose de très important pour moi, je le sentais à la manière dont la roue m’avait fait de l’œil.
Arrivée chez moi, je passais à la hâte les pages de mode et de cuisine, pour me trouver devant différents tableaux plein de nombres et plusieurs pages d’explications complexes sur ce que cet « ascendant » signifiait. Perplexe, je n’imaginais pas du haut de mes douze ans, me retrouver en nécessité de mettre autant le nez dans les chiffres pour décoder l’information cachée derrière la fameuse roue… Ainsi donc, il n’y avait pas de « don », pas de « magie », pas de « voie » qui murmurait à l’oreille du lecteur. L’astrologie se proposait de donner une réponse … mais il fallait calculer.
De mémoire d’ancienne élève, je ne crois pas avoir jamais ressenti autant d’ardeur à décrypter ce que quelques foutus chiffres voulaient me dire. Loin des théorèmes de Pythagore et des règles de calcul que j’apprenais à grand peine au collège pour ne pas obtenir de trop mauvaises notes en mathématiques, je donnai cet après-midi là une concentration sans borne pour venir à bout des différents tableaux de ces pages … jusqu’à l’étonnement, la joie, l’excitation : les chiffres avaient parlé, les chiffres parlaient de moi !
« Ascendant capricorne » … voilà ce que la roue chez le marchand de journaux avait voulu me dire : j’appris en ces moments-là que les gens sont fabriqués en plusieurs parties à l’intérieur d’eux. Que ce qu’ils affichent à l’extérieur, dans leur vie de tous les jours, ne représente pas forcément la totalité de ce qu’ils sont. Que des calculs permettaient de connaitre une partie des gens, de moi, que je ne voyais pas de moi-même car elle faisait tellement partie de moi que je n’avais pas besoin de revendiquer pour la manifester. C’était l’ascendant.
J’appris que la roue comprenait douze signes et que de ces douze signes, l’un était mon signe natal et l’autre mon ascendant natal. J’avais donc au moins deux parties – peut-être plus, je le sentais ! Ma partie « ascendant capricorne » me racontait comment j’étais une personne naturellement sérieuse, spontanément réservée. Elle m’expliquait combien j’avais besoin de me retirer souvent des groupes humains pour me sentir bien, et pourquoi mon besoin de solitude était normal.
Ainsi quand j’avais douze ans, mon ascendant m’a sauté au nez au moyen d’une roue insistante qui m’avait comme appelé. Si je compris ce jour-là en un après-midi comment on calcule un ascendant, je reçu surtout un certain sentiment de légitimité, quand confrontée aux groupes dans mon collège, je préférais préserver une certaine distance et m’isoler en moi-même.
Je gardais dès lors actif quelque part en moi ce message de mon ascendant, à chaque moment de ma vie où je me sentais dans l’élan naturel de passer du temps seule. Avec la roue du marchand de journaux, une porte s’ouvrit à l’intérieur de moi cet après-midi là, m’appelant vers un espace plus vaste que j’explorerais plus tard, dans lequel beaucoup d’autres réponses m’attendaient à propos de moi-même : la porte de mon thème natal.